Nous nous intéresserons aux temporalités des recherches menées en, sur, avec les organisations (des entreprises privées ou publiques, des organisations publiques, de l’économie sociale et solidaire – associations). Faire une recherche scientifique nécessite un temps suffisant, s’inscrivant dans une temporalité assez longue (avec les temps de constitution des savoirs et de production de résultats, de restitution, un temps éventuel de formation…), correspondant peu aux temporalités courtes plus caractéristiques des organisations, qui sont en effet confrontées à des rythmes rapides et à une intensification de leurs activités.

Nous questionnerons dans quelle mesure les temporalités longues de la recherche sont difficiles à faire accepter par les organisations. Dans quelle mesure, selon son statut (sous contrat, en formation doctorale en entreprise…) est-il possible pour le·la chercheur·e de mettre en place des stratégies, méthodes et outils pour adapter ses activités de recherche (avec le respect des critères de scientificité) aux contraintes de l’organisation ? Comment négocier une recherche longue ? Par exemple, comment négocier une demande sociale, mettre en avant l’intérêt d’une enquête approfondie, développer plus de coopération avec les acteurs de l'organisation, etc. ? Quels compromis sont nécessaires, possibles, sans sacrifier la qualité de la recherche ? Nous interrogerons ainsi les différents savoirs (co)produits et leurs rythmes : constitution, construction, restitutions, en coopération avec les acteurs de l’organisation.

Les organisations sont plus souvent demandeuses de résultats à court terme (notamment produits par des cabinets d’études ou de conseils, l’usage de l’IA…) afin d’apporter rapidement des réponses à leurs demandes. Quels types de savoirs sont produits dans un temps court ? Dans quelle mesure ces pratiques de court terme remettent-elles en question la démarche même de recherche et ses résultats ?

Selon les types de recherche (dont partenariale et collaborative, recherche-action ou intervention), les temporalités et formes de savoirs produits diffèrent. Cette diversité est source de richesse, mais aussi de réflexions sur les différentes compétences et pratiques de recherche et leurs effets. Dans quelle mesure le temps plus long de la recherche est-il facilitateur de la qualité de celle-ci ?