GTE05 - Une nécessaire proximité sociale pour enquêter les violences conjugales ? Confiance, accès au récit et connivence de genre
Pauline MULLNER - Cerlis
Université Paris-cité - Ined - PARIS, France
Résumé : Cette communication propose d’analyser la façon dont les caractéristiques sociales et du parcours de vie de la chercheuse ont été perçues et parfois mobilisées sur le terrain. Elle s’appuie sur 37 entretiens biographiques réalisés dans le cadre d’une recherche doctorale en cours visant à étudier les répercussions des violences conjugales sur la vie privée des femmes qui en ont vécu par le passé, en mobilisant une approche féministe. Je montrerai, par une analyse des rapports sociaux à l’œuvre dans l’enquête, que la proximité sociale avec les femmes enquêtées facilite la construction d’une relation de confiance et le recueil du récit sur ce terrain sensible. Je nuancerai cette proximité en fonction des profils des participantes. La connivence de genre, à l’origine de cette relation d’enquête sera objectivée : j’analyserai les sous-entendus, les euphémismes et autres techniques langagières utilisées par les femmes pour parler des violences conjugales. Je montrerai que ces techniques ont pour objectif d’une part de rendre les violences dicibles dans un contexte de silenciation et d’autre part, qu’elles agissent comme outils de reconnaissance entre victimes, permettant d’exclure les non-spécialistes de la compréhension du phénomène. Être une femme et partager l’expérience du continuum de la violence sexuelle fournit ainsi des outils pour entendre ce qui est difficilement dicible, ce qui est « maquillé » par les enquêtées.