GT34 - Kafala et droits de l'homme : une « criminilisation » des migrants ?
Nassera GUEZZEN - IUT de Longwy
Université de Lorraine - NANCY, France
Résumé : Pour de nombreux observateurs et spécialistes du Golfe, le passage à une société plus respectueuse des droits de l’homme et du droit international ne peut se faire qu’à travers la réforme de la kafala, dans la mesure où ce système place les travailleurs dans un statut de redevabilité envers leurs kafils et bloque la concurrence sur le marché du travail. Malgré les retombées économiques qui semblent positives pour les travailleurs étrangers, pour leurs familles et leurs communautés d’origine, l’accent est mis sur leur vulnérabilité. Elle caractérise en effet une situation instable pour l’individu, de par le caractère temporaire des contrats utilisés mais également en raison des menaces qui pèsent sur lui tout au long de sa migration (menace de non rémunération, craintes d’arrestation et de détention, expulsion, etc.). Être accusé de « fuite » constitue un crime, même si le migrant est en réalité la victime. Salvatore Palidda, dans son enquête menée sur la criminalisation, des migrants émet l’hypothèse d’une « racialisation de l’action répressive et de la déviance » et démontre des similitudes avec le cas des Noirs aux États-Unis. De la même manière, dans les sociétés du Golfe, tant les États qui ont délégué le droit de la kafala que les citoyens investis de cette « responsabilité » se retrouvent dans les mêmes logiques sécuritaires qui d’emblée dépeignent le migrant comme une menace, comme « l’ennemi public numéro un ».