GT30 - Travailler pour améliorer les équipements militaires, est-ce bien éthique ? Recherche embarquée, éthique personnelle et imprévus de la recherche
Sophie LEFEEZ - CERREV
Université de Caen - CAEN, France
Résumé : J’ai réalisé ma thèse CIFRE sur les choix de conception des matériels militaires. Je partais du constat que les équipements étaient onéreux, longs à concevoir, et certains pouvaient pourtant se faire neutraliser par des moyens simples. A travers ma question, qui visait à clarifier ce qui se passait entre l’expression du besoin et les matériels qui entraient en service, je cherchais également à découvrir comment les armées françaises pourraient concevoir des équipements moins chers, plus rapidement, et qui présentent moins de failles. Présenté ainsi, mon sujet avait un indéniable intérêt pour les industriels et les militaires, et soulevait des interrogations du côté académique : mon sujet avec ses conséquences attendues était-il bien éthique ? Etant moi-même une ancienne militaire, financée par l’industrie privée, je me retrouvai à la fois dedans et dehors. Je détaillerai les conséquences de ce positionnement dans la formulation de ma question et l’ouverture de mon terrain. Avec les ingénieurs du privé, ce fut le « choc culturel » épistémique du fait que je travaillais avec ma subjectivité et celle de mes enquêtés : ma méthode a été remise en question et cela eut des conséquences directes sur la conduite de ma recherche. J’évoquerai ma vision de ma responsabilité et de mon éthique, la façon dont mes résultats furent accueillis et soutenus (ou pas), l’inattendu dans mes résultats, la suite que j’ai pu (ou pas) donner, et mon positionnement actuel.