CR03 - Les avocats de Guantanamo : sociologie d'une pratique dans une zone de non-droit
Malika DANOY - Cresppa/LabTop
université paris 8 - PARIS, France
Résumé : En 2004, les avocats sont autorisés à se rendre à Guantanamo pour défendre les prisonniers. La prison devient un lieu de rencontre entre l’exception et le droit, faisant coexister deux logiques concurrentielles. En partant du paradoxe souligné par un avocat selon lequel leur activité est en contradiction avec la rationalité du lieu : « Ce que nous faisons va à l’encontre totale de ce qu’ils essaient d’accomplir à Guantanamo. Ils ont 3 principes : isolation, dépendance, secret, et les avocats représentent juste l’opposé », nous interrogeons les effets de l’ouverture de Guantanamo aux avocats, et l’effet Guantanamo sur la pratique de ces professionnels. À l’aide de la sociologie du droit, nous examinons la réception du droit dans une institution d’exception, les zones de frictions et les effets de légitimation produits. La question de la légitimation de mesures exceptionnelles par l’intervention des avocats amène par ailleurs à interroger les processus d’institutionnalisation de l'exception. Car, si leur présence représente une avancée et une ouverture de la prison, les contraintes imposées par l’exception sur leur travail introduit des ambiguïtés éthiques et des effets de normalisation. L’étude de l’activité des avocats, permet d’analyser comment cet espace de rencontre entre droit et exception agit sur l’un et l’autre. Cela permet d’étudier la capacité de résistance du droit par rapport à l’exception, et la possibilité pour l’exception à être vraiment affectée par le droit.