La place des savoirs dans les dynamiques conflictuelles a été abordée dans plusieurs champs d'analyse des mobilisations collectives : les travaux sur les articulations entre champs intellectuels et espaces des mouvements sociaux, la sociologie des problèmes publics, la sociologie de l'expertise. Cependant cette articulation reste relativement peu étudiée en soi. La thématique du Congrès 2024 constituera pour le GT22 l'occasion de revenir sur cette relation entre savoirs et conflits sociaux avec une multiplicité de perspectives et de méthodologies d'enquête. Nous attendons des propositions de communication venant de la sociologie, de l'anthropologie, de la science politique ou de l'histoire abordant ce lien avec un matériau empirique précis et clairement restitué. Les propositions pourront s'inscrire dans trois axes : 

1. Les dynamiques de production indigène des savoirs au sein des mobilisations sociales

Depuis le mouvement ouvrier avec ses savoirs, théoriques et pratiques, sur l'économie politique, les formes d'association, les révolutions ou les rapports de domination, jusqu'aux mouvements sociaux contemporains, avec les savoirs associés à leurs causes spécifiques (environnementales, sanitaires, démocratiques, etc.), cet axe tâchera d'analyser les processus de construction des savoirs en prises sur l'action collective. On examinera plus particulièrement les savoirs organisationnels et stratégiques permettant aux conflits sociaux de se structurer, ainsi que les contre-expertises et contre-indicateurs qui leur permettent de contrer les discours dominants ou mainstream sur la cause qu'ils portent dans l'espace public.

2. L'influence des savoirs extérieurs à la mobilisation - savoirs philosophiques, techniques et scientifiques - sur les représentations morales et politiques des acteurs mobilisés

L'angle ici privilégié sera celui d'une histoire ou d'une sociologie de la circulation des savoirs entre sphères intellectuelles/culturelles et militantes, afin de comprendre l'influence des savoirs sur les cadres cognitifs et pratiques des acteurs mobilisés. 

3. Les dynamiques symétriques de légitimation militante des savoirs et de légitimation intellectuelle du militantisme

Les propositions reviendront ici sur le rapport entre la légitimité des savoirs mobilisés dans les conflits sociaux et la légitimation des causes, et entre la légitimité des savoirs mobilisés et les chances que les mobilisations percent la structure des opportunités politiques.