La question du caractère scientifique des sciences sociales se pose avec davantage d’acuité lorsque le chercheur met en place une démarche qualitative de recherche. Les critiques apparaissent rapidement sur le caractère peu scientifique des méthodes qualitatives notamment lorsque les analyses présentées viennent contredire des éléments présentés ailleurs comme des vérités établies. Nous reprenons ici les trois axes liés à la thématique générale du congrès.

1. Le chercheur en sciences sociales est remis en question, particulièrement lorsque ses travaux ne correspondent pas aux attendus de certains politiciens. Aujourd’hui, la critique des savoirs scientifiques en sciences sociales s’inscrit en outre dans une attaque de la personne du chercheur par certains mouvements militants. Est-il ainsi possible d’étudier la condition féminine si l’on est un homme, la condition noire si l’on est blanc, etc. ? Le savoir expérientiel est alors considéré par certains militants comme une condition nécessaire à la production du savoir scientifique et certains chercheurs en viennent à incorporer cette idée et à inscrire leurs travaux dans cette perspective unique, pouvant en outre critiquer ceux qui oseraient s’aventurer sur « leur » terrain d’enquête.

2. À l’heure des études qualitatives prenant la forme de la recherche-action, de la recherche collaborative, de la recherche participative, etc., le chercheur en sciences sociales est plus que jamais invité à coopérer avec différentes personnes s’il veut obtenir du financement pour sa recherche. Rhéaume (2012) insiste ainsi sur l’importance des trois savoirs pour comprendre toute situation sociale : la connaissance scientifique, le savoir pratiqué du professionnel et le savoir d’expérience de l’usager. Comment composer avec ces autres savoirs et penser la combinaison éventuelle de deux postures, scientifique et militante ?

3. Rendre compte de ses analyses passe par l’explicitation de sa posture de chercheur et les méthodes mises en œuvre ayant conduit à la production de savoirs scientifiques. Se pose aussi la question de la diffusion des savoirs et des débats dans lesquels le chercheur peut, doit s’inscrire. La question de l’utilisation du français dans les publications, de même que les communications de vulgarisation et le libre accès aux sciences sociales sont interrogées afin de toucher le plus grand nombre. Comment le chercheur peut-il rendre compte de ses travaux ? Comment (ré)inscrire ceux-ci dans l’espace public ?