La production du savoir sur les déviances et les institutions pénales est mise en tension entre deux processus opposés. D'une part, la prééminence croissante d'une expertise scientiste qui prétend pouvoir clore les débats sur les manières de traiter, sinon de prévenir ou de prédire les déviances au nom d'un savoir jugé indiscutable. Ce premier processus pose la question de la légitimité d'un savoir critique susceptible de déstabiliser certaines certitudes. D'autre part, la mise en discussion de nos objets de recherche dans divers recoins du monde social. Ce second processus, propre à l'ensemble du champ scientifique, n'est pas nouveau. Ce qui a changé, c’est l’ampleur de cette « démocratisation » du rapport au savoir. Les réseaux sociaux ont par exemple permis à toute une série de discours (profanes, alternatifs, etc.) de trouver un auditoire de plus en plus important et diversifié, bouleversant la « hiérarchie des crédibilités » au sein de laquelle les chercheurs semblaient occuper une place de choix. Cette mutation nous invite à réfléchir aux modes de production et de diffusion de nos travaux face à ce que certains qualifient de « crise de légitimité » de la science. 

Ces deux processus interrogent, chacun à leur manière, l'interdisciplinarité propre au champ criminologique. Comment sociologues, criminologues, psychologues, juristes, biologistes et autres scientifiques peuvent-ils s’entendre lorsqu’ils traitent de la déviance, du contrôle social et de ses institutions ? Y-a-t-il un risque, pour la légitimité scientifique elle-même, à produire des recherches épistémologiquement divergentes voire concurrentes, pouvant aboutir à des résultats contradictoires sur des thèmes pourtant communs ?

Le GT08 propose de réfléchir à la place de nos savoirs dans un contexte marqué par une prolifération d’injonctions potentiellement contradictoires : interdisciplinarité, neutralité scientifique ou science « utile », sinon « ouverte » voire « engagée ». Nous vous invitons à soumettre des propositions de communication en nous indiquant l’axe au sein duquel vous souhaitez intervenir :

1. L’interdisciplinarité et l'articulation et/ou les luttes de savoirs du champ criminologique.
2. Le rôle de nos travaux dans les débats sociaux, médiatiques et politiques sur les déviances, et nos manières de les communiquer et de les valoriser.
3. Les enjeux normatifs, éthiques, moraux, culturels ou institutionnels situés au cœur de la production et de la diffusion de nos travaux.