Dans le film documentaire en sciences sociales, l’incarnation permet une circulation des regards dans la triangulation filmeur/filmeuse (chercheur- réalisateur/chercheure-réalisatrice), les personnes filmées et les spectateurs/spectatrices. Le chercheur-réalisateur ou la chercheure-réalisatrice peut restituer son regard soit comme observateur/observatrice (comme dans le mode du « cinéma direct » qui laisse l’incarnation aux personnages filmés) soit comme personnage dans le narration, qu’il soit hors champ ou dans le champ. En tant que personnage, il ou elle peut négocier un ou différents rôles sociaux : membre d’une institution de recherche, mais aussi d’un  groupe social, d’une communauté, d’un genre, d’une famille, etc. Cela  peut aussi structurer la narration et permettre des formes de réflexivité par une incarnation. Par ailleurs, cette question se pose avec une acuité particulière dans les formes participatives ou collectives où la question du point de vue est à construire. Ces questions peuvent à la fois se poser dans différents modes inspirés du « cinéma direct »  où l’expérience directe constitue la matrice du film, mais aussi par la mobilisation d’images dans la narration agencées et performées par le réalisateur/réalisatrice : archives familiales, archives médiatiques y compris de réseaux sociaux, images de synthèse, images diverses proposant des formes d'intermédialité, etc., documents qui peuvent avoir différents statuts dans la narration en relation avec la place du réalisateur/réalisatrice.

Les places dans la narration peuvent être abordées et travaillées différemment en fonction des différentes  étapes de l’intention à la diffusion – en tenant compte du fait que la réalisation d’un film n’est jamais linéaire. On pourra ainsi échanger sur ce questionnement à la fois par le partage d’expériences filmiques en recherche-réalisation (de recherche-création, réalisations à but de médiation) en réfléchissant aux  enjeux cinématographiques et scientifiques, mais aussi sur l’analyse de productions filmiques de chercheurs et cinéastes où l’intention documentaire est forte. Des extraits de film voire des projections pourront être envisagées en fonction du temps disponible. Des liens vidéo pourront être envoyés avec la proposition.

Cet atelier sera aussi en relation avec la session transversale programmée durant ce congrès, proposée par le GT02, le GT06 et le GT31 autour des démarches visuelles et audiovisuelles.