Référente : Vivianne CHÂTEL - viviane.chatel@unifr.ch
Avec la lecture de François Jacob (La Souris, la mouche et l’homme) selon laquelle « le scientifique se doit de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité », nous nous distancierons de l’usage abusif du mot « scientifique ». La science, et moins encore le scientifique, n’est en aucun cas prométhéenne. Elle ne promet rien, absolument rien. Elle n’a pas pour objectif de régler les problèmes et les souffrances du monde, de quelque ordre que ce soit (inégalités sociales, problèmes identitaires, retissage des liens sociaux, etc.). Au mieux, elle peut être l’appui aux décisions communes quand le scientifique ne laisse rien dans l’ombre, ne se laisse corrompre ni par les pouvoirs étatiques, économiques, industriels, sociaux, etc., ni par ses idéaux politiques et idéologiques, dans sa recherche et ses résultats. Ce ne sont que les citoyen·ne·s qui ont la compétence de décider en toute conscience, c’est-à-dire cum scire, en s’appuyant sur le savoir élaboré par la science. Dès lors, notre CR cherche à orienter la discussion sur les thématiques de l’expertise, de la restitution et de l’appropriation de la science, en se concentrant sur les trois points suivants :
1. La science bonne, ou non ? Question (im-)pertinente pour la science qui n’est ni bonne, ni mauvaise ; et pour laquelle les questions de jugements de valeur heurtent les règles de scientificité et, au mieux, s’inscrivent dans une délibération citoyenne, nécessitant au préalable une restitution neutre et impartiale des résultats.
2. La science bête, ou non ? En considérant que la science n’est pas là pour soulager les souffrances du monde mais pour éclairer les citoyens, elle n’a alors, pour seul et simple objectif, que de transmettre au public les résultats avérés, les limites et conséquences envisageables de ceux-ci, etc., et ce, afin de lutter contre les ignorances, mais aussi d’ouvrir sur l’ignorance (i.e. sur de nouvelles questions).
3. La science truande, ou non ? La science « s’approprie » des savoirs… pour les mettre en forme, les diffuser et parfois en faire commerce, d’où l’émergence de querelles sur la (non-)sacralisation des porteur·se·s des connaissances empiriques, seul·e·s légitimes pour en parler, ou encore sur la (non-)gratuité de la diffusion des connaissances scientifiques et/ou sur leur (més-)usage.
En prenant comme ancrage l’axe Responsabilité sociale du Congrès, nous attendons des communications inscrites dans l’une des trois pistes évoquées ci-dessus, appliquées à la thématique du CR.
L'appel à communiquer du CR30 est clos.