Les savoirs scientifiques ont vécu depuis une décennie des remises en question, faisant craindre une crise de légitimité des instances traditionnelles de connaissance. La sociologie des arts et de la culture est elle aussi questionnée. Elle se voit concurrencée par les savoirs expérientiels et pratiques. La possibilité donnée par l’Internet pour chacun de s’exprimer sur les œuvres ou les artistes oppose à l’analyse scientifique désincarnée l’évidence apparente de l’expérience individuelle – tout en fournissant aux sociologues des terrains d’enquête inédits. Des acteurs institutionnels y diffusent leurs propres appréciations, ce qui pose des questions en termes d’expertise. Cependant, la pandémie de Covid-19 a fait (re)naître une demande d’analyses du monde des arts et de la culture. La situation socio-économique des professionnels comme les envies et les craintes de publics désormais réticents ont fait l’objet d’interrogations appelant études et sondages. Ces derniers ont pu être commandés à des sociologues, mais aussi à des économistes, spécialistes en marketing, chercheurs en SIC, géographes ou statisticiens. 
 
Ces évolutions contrastées invitent à réfléchir aux phénomènes de crise et de reconfigurations de notre discipline. Quelles concurrences mais aussi complémentarités se dégagent de la relation parfois conflictuelle entre une sociologie des arts et de la culture elle-même plurielle et d’autres disciplines et instances productrices de savoirs sur les arts et la culture ? Se pose enfin aussi la question de la responsabilité de la sociologie des arts et de la culture dans l’espace public pour éclairer des débats de société. Elle ne fut ainsi guère consultée pour savoir si la culture était (ou non) « essentielle » durant le confinement. Le rôle de la connaissance et des savoirs en matière d’art et de culture se trouve alors posé comme un enjeu de responsabilité sociale, que Weber avait thématisée comme une « responsabilité devant l’histoire » pour qui entend répondre des défis de son temps. Nous proposons de mener la réflexion sur ces questions le long des axes suivants : 

1. La légitimité de la sociologie des arts et de la culture face aux autres disciplines.
2. La pluralité des instances de connaissance, un défi pour la sociologie des arts et de la culture ?
3. La responsabilité de la sociologie des arts et de la culture face aux savoirs ordinaires.
4. Thématique libre