Après avoir interrogé en 2008 à Istanbul « Les formations et l’insertion professionnelle de sociologues », en 2012 à Rabat « La formation professionnelle des sociologues à l’ère du LMD : avancées, résistances, perspectives », en 2016 à Montréal « La sociologie professionnelle à  l’épreuve  des mutations sociétales » et en 2021 à Tunis « Les enjeux moraux pour la sociologie professionnelle », les membres du CR16 sont de nouveau invités à proposer des communications sur un thème qui les concerne tout particulièrement, celui des rapports entre sciences, savoirs et sociétés.

Notamment  parce qu’elle partage souvent ses objets d’études avec d’autres disciplines avec lesquelles elle entretient des rapports de concurrence ou de complémentarité, la sociologie professionnelle se trouve régulièrement confrontée à l’injonction de devoir justifier la légitimité et la valeur ajoutée des connaissances qu’elle produit.

En raison aussi du développement des recherches collaboratives menées avec d’autres professionnels (sciences de l’ingénieur, champ de l’intervention sociale, de l’urbanisme, etc.) dans un cadre pluri ou interdisciplinaire, ou en coopération avec  des acteurs de la société civile, mais aussi parce que les savoirs sociologiques sont susceptibles d’être considérés comme trop peu attentifs aux enjeux sociétaux contemporains et des manières de les aborder, de nouvelles questions surgissent. Comment les pratiques d’enquêtes collaboratives ou menées en coopération avec d’autres, professionnels ou non, s’articulent-elles avec les exigences épistémologiques de la discipline ? De quelles manières les différentes approches sociologiques parviennent-elles à tirer leur épingle du jeu face à ces diverses formes de concurrence dans les savoirs produits ? Comment promouvoir « l’utilité » des recherches produites  dans le champ de la sociologie ? Sous quelles conditions la vulgarisation des résultats est-elle possible ?

Par ailleurs, le champ de la  sociologie professionnelle se trouvant la plupart du temps inscrit dans les ressorts de la logique du marché concurrentiel, lui-même souvent dominé par des critères de rentabilité et d’efficacité immédiate, comment les professionnels se prémunissent-ils contre la tentation d’une  altération de leurs résultats afin de les rendre acceptables par les commanditaires ? Comment les enjeux liés aux conflits d’intérêts sont-ils appréhendés ?  Cette situation  conduit-elle à une forme de production de savoirs normalisée et appauvrie ?