Référente : Antigone MOUCHTOURIS - antigone.mouchtouris@yahoo.fr
S’il est une chose qui manque à nos sociétés techno-industrielles ce ne sont pas les sciences, ce ne sont pas les savoirs de toutes sortes, mais c’est la connaissance, qui confère du sens à ces savoirs savants ou ordinaires dont elle examine les cadres sociaux, les présupposés, les implications et les finalités. La connaissance suppose la lucidité, qui est une disposition intérieure acquise appliquée au réel, donnant lieu à une vision du monde. C’est cette connaissance critique et générale qui est de plus en plus nécessaire. Or, c’est cette connaissance et cette sociologie qui sont en voie de disparition alors qu’elles constituaient l’essentiel des productions des pères fondateurs, aboutissant à la construction d’une théorie de la société intégrant les savoirs particuliers. Une vision du monde est le produit d’une connaissance non enfermée dans des spécialités aux savoirs de plus en plus restreints, souvent ignorants de la philosophie, de l’histoire et de l’épistémologie ; disciplines oubliées au profit de pures méthodes-outils se déployant dans le registre d’un descriptif non suivi d’interprétations compréhensives.
La sociologie de la connaissance se propose de faire obstacle à l’influence croissante, mondialisée et souvent consentie, d’une idéologie pragmatique défiante à l’égard du rationalisme et de ses théorisations, qui diffuse au sein des savoirs, tout comme dans la vie pratique, ainsi que dans la sociologie, survalorisant les résultats, la rentabilité de la poïesis, au détriment de la gnosis et surtout de la phrônésis, cette connaissance de la bonne praxis. C’est de cette connaissance générale dont la sociologie ne saurait se passer au risque de se fondre dans l’empiricité de ses objets d’étude et de se transformer mimétiquement en un savoir parmi d’autres, en un savoir de tel ou tel savoir, ou de tel ou tel objet.
Toutes communications portant sur l’une ou l’autre des diverses questions listées dans le texte de la thématique du Congrès, et les impliquant à un titre ou à un autre, engageant des formes de conscience et de connaissance multiples, sont bienvenues, à condition qu’elles attestent de la mise en œuvre d’une sociologie pensante ne se réduisant pas à la description, mais proposant une interprétation des faits ; que cette sociologie prenne pour objet d’étude, soit des concepts, soit des réalités empiriques, micro, méso, ou macrosociales, donnant lieu à enquêtes, ou bien qu’elle analyse des systèmes d’auteurs ayant traité de ces sujets.
L'appel à communiquer du CR14 est clos.