Référente : Hélène BOURDELOIE - helene.bourdeloie@gmail.com
Il est beaucoup question de ChatGPT, l'agent conversationnel qui nous propose des textes sur tous les sujets relevant de la connaissance humaine. Pour les uns, il s'agit d'une percée majeure en termes d'« intelligence artificielle » générative. Pour les autres, ces améliorations rapides ne doivent pas être vues comme des exploits techniques, mais au contraire comme autant de sources de problèmes sociaux majeurs. Au-delà, cette actualité renvoie à s'interroger sur les frontières entre humains et non-humains. Ces débats ne sont pas complètement nouveaux dans notre champ, celui de la sociologie de la communication. Dès 1950, Alan Turing avait inventé un test dit « test de Turing » qui avait pour but de s'interroger sur la capacité d'une machine à penser en demandant à un être humain s'il pensait communiquer avec un autre être humain ou avec une machine...
Aujourd'hui, les mêmes questions se posent, mais avec une acuité toute nouvelle. Les enjeux sociaux s'avèrent majeurs, par exemple à propos du rôle des algorithmes dans les recommandations d'œuvres culturelles sur les plateformes au détriment de médiations humaines plus traditionnelles. Ou bien du rôle de ces mêmes algorithmes dans la mise en visibilité de certains contenus sur les réseaux socionumériques qui favorisent la reproduction des idées dominantes via les bulles de filtre, voire trompent les internautes en laissant proliférer des nouvelles falsifiées. En raison de la place et du rôle pris par les médias (socio)numériques à une échelle quasi-planétaire, le capital et le pouvoir s'avèrent de plus en plus concentrés entre quelques géants du capitalisme, des régimes politiques stables sont susceptibles d'être déstabilisés et les big data sont utilisées massivement pour analyser, voire prédire, nos comportements. Face à de tels enjeux, quels sont les objets et terrains à privilégier ? Est-il encore possible de distinguer clairement les places respectives des humains et des techniques, de la technique ?
Quelles sont les pratiques de résistance aussi bien à propos des collectes de données qu'en termes de détournements d'usages et de tentatives de contournement des logiques d'hameçonnage de l'attention ? Ces pratiques visent-elles à protéger nos vies privées, à tenter de renouveler les formes de sociabilité et de vivre-ensemble, ou bien à remettre en cause les formes prises par le capitalisme ? Dans le cadre de ces pratiques contestataires, qu'en est-il des relations entre humains et technique(s) ?
L'appel à communiquer du CR33 est clos.